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Interview : Conseiller funéraire

24 octobre 2016

Fabrice Crézé est conseiller funéraire depuis huit ans. Quotidiennement, il reçoit des familles endeuillées et leur apporte son aide pour les démarches relatives à l'inhumation du défunt et s’occupe également de la vente des produits proposés par son entreprise.

Conseiller funéraire

Fabrice Crézé est conseiller funéraire depuis huit ans. Quotidiennement, il reçoit des familles endeuillées et leur apporte son aide pour les démarches relatives à l'inhumation du défunt et s’occupe également de la vente des produits proposés par son entreprise.

 

Quel a été ton parcours personnel pour en arriver à ce poste ?

Je possède un BTS Force de Vente – appelé aujourd’hui Négociation – Relation Clientèle. Je suis passé par plusieurs entreprises, souvent au sein d’un centre d’appels où je devais vendre des services à distance. Mais il me manquait le contact humain réel et cette façon de travailler ne me convenait pas. Je me suis mis à chercher autre chose.
Puis je suis tombé totalement par hasard sur une petite annonce accrochée à la vitrine d’un magasin de pompes funèbres. J’y suis entré pour en savoir plus. Quelque temps après, j’ai été recruté et cela fait huit ans que je travaille en tant que conseiller funéraire. Je ne compte pas changer de profession.

Est-il difficile de dissocier la vie professionnelle et la vie personnelle ? Comment y arrives-tu ?

Difficile, oui et non. Je crois que c’est plus compliqué si on vit à côté de son lieu de travail, car on a plus de chances de croiser les personnes qui ont recours à nos services. J’ai la chance d’habiter plus loin et d’avoir un trajet de train de trente à quarante minutes. Il s’agit d’une coupure que j’apprécie beaucoup car c’est elle qui me permet de passer de ma journée de travail à ma vie personnelle. C’est comme ça que j’arrive à dissocier les deux.

Est-ce un métier moralement difficile ?

Certes, nous ne pouvons pas être insensibles à la douleur des familles endeuillées et celle-ci nous affecte parfois beaucoup. Mais en même temps, j’apporte mon aide à ces personnes et je suis là pour les soulager en partie de tâches douloureuses. De plus, ce sont souvent des personnes âgées qui partent. Si ce décès est évidemment très triste, cela nous touche moins que s’il s’agit de quelqu’un dont l’âge se rapproche du nôtre. Et je crois que le plus difficile reste le décès d’un enfant. Dans ces moments, il est très difficile de continuer.

Qu’est-ce qui te pousse à continuer malgré tout ?

C’est qu’aucun jour ne ressemble à un autre, on rencontre des personnes passionnantes : les personnes de l’État civil, le personnel technique des cimetières, les officiants religieux… Le fait d’aider les familles compte beaucoup également, bien sûr. Et d’une certaine manière, nous apprenons à les connaître à travers les anecdotes qu’ils nous racontent lors de nos rencontres. Ce sont parfois des morceaux d’Histoire qui nous sont narrés.

Y a-t-il une journée-type dans le métier de conseiller funéraire ? Quelles sont tes missions quotidiennes ?

Pas vraiment. Les journées ne se ressemblent pas, mais elles se suivent. Il y a des étapes incontournables. Chaque jour commence avec une réunion durant laquelle chacun reçoit ses missions du matin, puis de l’après-midi. Idem le soir, nous faisons un point sur le bilan ou l’avancée de la situation pour préparer notre journée du lendemain.
Concernant mes missions, elles se divisent principalement en trois pôles. Je peux être affecté à la boutique pour rencontrer des clients, m’occuper de tâches administratives et participer à des cérémonies.

Comment se passe la vente de produits et services dans une entreprise de pompes funèbres ?

On doit en premier lieu effectuer une séparation entre deux types précis d’actes commerciaux. Comme tout commerce, il arrive que nous fassions des réductions sur certains produits. Cette partie se rapproche d’un acte commercial « classique » puisqu’il arrive que des personnes anticipent ce genre de dépenses avant leur décès.
Puis il y a la partie commerciale durant le deuil. Dans ce cadre, les personnes doivent prendre des décisions difficiles plus ou moins rapidement et j’ai pour mission de réaliser un devis en fonction de leur situation financière et de leurs souhaits. Dans ces moments bien évidemment, je ne place pas les promotions clairement, quand bien même elles pourraient avoir un lien avec les la situation des personnes.

Penses-tu qu’il y ait des qualités à posséder absolument ?

Le tact pour pouvoir poser des questions, certes très difficiles, mais auxquelles vous devez avoir une réponse, ou recadrer la discussion en cas – malheureusement existant – de débordements de la part de la famille.
La rigueur ensuite. Nous sommes beaucoup en contact avec l’administratif et il convient de ne rien oublier pour une cérémonie, les papiers entre autres.
Il faut aimer le contact humain pour pouvoir réconforter continuellement les familles endeuillées et leur apporter un certain soutien.
La discrétion et le respect, à la fois envers la famille et le défunt. Le conseiller funéraire n’est pas soumis au secret professionnel comme peuvent l’être d’autres professions. Néanmoins, je reste persuadé qu’une certaine éthique est capitale. Il arrive que l’on apprenne des choses que nous ne sommes pas censés savoir. Il convient donc de n’en rien dire à personne.

Aurais-tu quelques conseils à donner à ceux qui voudraient se lancer ?

Un seul. Ne pas hésiter à pousser la porte d’une agence pour discuter avec des personnes qui pratiquent déjà ce métier. Il s’agit malheureusement d’une profession d’avenir qui souffre d’un grand manque de candidats.

Y a-t-il des conditions d’exercice particulières à ce métier ?

Nous pouvons être d’astreinte. Parfois uniquement par téléphone, mais il arrive que nous devions nous déplacer physiquement.

Quel est le salaire d’un conseiller funéraire ?

Il peut être très variable selon les agences et les régions. Personnellement, je gagne 1 500 € brut par mois.

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