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Interview : Avocate

03 octobre 2012

Gaëlle Métairie Avocate Cabinet libéral Comment devient-on avocate ? « Après mon bac, je voulais devenir notaire. J'ai donc commencé mes études de droit à la faculté de Lille II. J'ai déc...

Avocate

Société: Cabinet libéral

Comment devient-on avocate ?

« Après mon bac, je voulais devenir notaire. J'ai donc commencé mes études de droit à la faculté de Lille II. J'ai décroché une licence puis, j'ai continué jusqu'à la maîtrise de droit privé. Avec ce diplôme, et au cours des stages, je me suis aperçue que le métier de notaire ne me correspondait pas vraiment. J'ai passé un DESS de droit et santé. Puis, je me suis dirigée vers la profession d'avocat. J'ai donc suivi une année de préparation à l'Institut des Etudes Judiciaires (IEJ) et j'ai passé l'examen d'entrée au Centre de Formation à la profession d'avocat (CFPA). Une fois au CFPA, durant un an, nous alternions les cours théoriques et les stages. A l'issue de cette année, j'ai passé le Certificat d'Aptitude à la profession d'Avocat (CAPA).
A la fin de mes études, j'ai travaillé pendant deux ans et demi dans un cabinet comme collaboratrice. A l'époque, nous ne pouvions pas nous installer directement. Il convenait de passer par le statut de collaboratrice au moins durant deux ans. Aujourd'hui, les juristes peuvent se mettre directement à leur compte. »

- As-tu une spécialité en tant qu'avocate ?

« Les jeunes avocats ont très rarement des spécialités. Cela vient de l'évolution de la délivrance des spécialités. Pour afficher une spécialité, il faut traiter un certain nombre de dossiers dans une matière, puis passer un concours plutôt difficile à obtenir. Il y a quelques années, le simple fait d'avoir traité un nombre de dossiers conséquents dans une matière entraînait l'octroi de la spécialité.
Pour le moment je n'ai pas de spécialités au sens strict du terme. Mais je suis membre et secrétaire des Avocats du mercredi. Nous sommes 60 avocats sur la région lilloise, sur 850 à avoir signé une convention fixant les règles de conduite quant à la défense des mineurs au pénal.»

- En quoi consiste ton travail au quotidien ?

« En tant qu'avocate, je reçois les clients à mon cabinet et traite de cas très variés. Dans cette profession, nous avons la chance de pouvoir choisir nos dossiers. On prend ce que l'on sait faire et surtout ce que l'on aime. Par exemple, je ne traite pas de droit administratif par absence d'accroche avec la matière. Par contre, j'interviens régulièrement en droit pénal, en droit social (devant les Conseils de Prudhommes) et en droit de la famille (divorce, adoption, annulation de reconnaissance de paternité, changement de régime matrimonial…).
Je passe aussi beaucoup de temps au palais pour mes plaidoiries. Je suis une avocate plaidante. Il existe des avocats qui ne plaident jamais, il s'agit des avocats conseils. Ils donnent des conseils, s'occupent de la rédaction d'actes… De mon côté, je ne peux pas concevoir mon métier sans le tribunal. J'aime le côté théâtral des plaidoiries, l'ambiance et la vie du palais de justice. »

- Existe-t-il des formations pour s'informer des nouvelles lois et jurisprudences ?

« Un avocat doit actualiser ses connaissances et s'informer de tous nouveaux textes de lois. Une formation continue de 20h minimum par an est également obligatoire pour tous les avocats. De mon côté, en plus des formations, j'en suis des spécifiques pour le droit des mineurs. Je me rends ainsi une fois par an aux Assises des mineurs, qui est un congrès d'une journée et demi réunissant tous les avocats spécialisés droit des mineurs en France. »

- Quelles sont les qualités nécessaires, selon toi, pour devenir un bon avocat ?

« Un avocat doit avant tout être patient. Certains dossiers peuvent mettre des années avant d'être jugés définitivement. De plus, dans une salle de tribunal, il faut très souvent attendre son tour avant de présenter un dossier à la cour. Il faut être également organisé, logique et pertinent dans ses arguments. Enfin, il faut faire preuve de ténacité. Un avocat doit savoir aussi écouter pour pouvoir conseiller. On vient souvent voir son avocat avec des doléances. Il faut laisser parler la personne tout en sachant l'aider à exprimer l'essentiel.»

- Quels conseils donnerais tu à un étudiant tenté par le métier d'avocat ?

« Je pense qu'on ne peut pas savoir tout de suite si on veut exercer la profession d'avocat. Tout d'abord, il faut assimiler la logique juridique. Les examens sont déterminants et seuls juges de cette assimilation et des connaissances. Ensuite, je pense que les stages sont importants mais à partir de la 3ème ou 4ème année. Avant, il est difficile de traiter un dossier. Il ne faut pas hésiter à se rendre au Palais de Justice pour assister aux audiences, voir le fonctionnement, l'ambiance… Je connais des étudiants en droit qui n'ont jamais assisté à un procès.
Je lui conseillerais aussi d'être persévérant dans ces études mais pas obstiné. Il faut savoir se réorienter dans des métiers du droit. Certains sont méconnus comme Huissier de Justice ou Avoué. Par ailleurs, toutes les matières ne sont pas enseignées. A l'université Lille II, vous pouvez suivre un enseignement en droit médical. C'est une matière qui est peu pratiquée dans la région et qui évolue très vite. D'un autre côté, vous n'avez pas de formations en droit des mineurs à Lille, alors qu'elle très répandue en pratique. Le tribunal des enfants de Lille est l'un des plus importants de France.»
S.LLe 2 novembre 2006