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Interview : étudiant architecte

03 octobre 2012

Julien Bernard 22 ans Etudiant à l'EAL (Ecole nationale supérieure d'Architecture et de paysage de Lille), 2e année Quel est ton cursus scolaire jusqu'à présent ? Après un BAC...

étudiant architecte

Julien Bernard (22 ans)

Quel est ton cursus scolaire jusqu'à présent ?

Après un BAC scientifique spécialité maths, je suis entré directement à l'EAL. Pour cela j'avais passé le concours qui se déroule en avril, qui se compose de deux phases :
un écrit qui dure une journée comportant 3 épreuves : une de logique discursive (ce qui peut s'apparenter à de la philosophie), un QCM de culture générale (avec des questions variées qui ne concernent pas toutes l'architecture) et enfin une épreuve d'arts plastiques, qui requiert un minimum d'imagination, avec des sujets comme : « le parcours d'une bille » ou « intersection entre un plan et un cône». Après la correction de ces écrits, le nombre de candidats passe approximativement de 1 000 à 500.
la deuxième partie du concours d'entrée a lieu sous la forme d'un oral, devant deux examinateurs. Les questions posées sont celles auxquelles on peut s'attendre pour ce type d'entretien. Après cet oral, on dénombre environ 150 admis.

Combien de temps doit durer ta formation ?

Le système a changé depuis 2005. Avant, il fallait 5 ans d'études qui se concluaient par un projet final sur lequel on travaillait durant une année (ce qui correspond à un mémoire en quelque sorte). A l'heure actuelle, avec le système LMD, il faut terminer son master et ensuite effectuer un stage d'une année dans un cabinet. Finalement, il est toujours nécessaire d'avoir un BAC +6 pour exercer en tant qu'architecte mais le projet final a été remplacé par un stage. Un changement discutable ! Toutefois, l'avantage du dernier système réside dans le fait qu'il est très facile de partir en Erasmus.

Comment se présentent tes cours cette année ?

Le lundi, j'ai 4 h d'informatique toutes les 3 semaines. On y étudie des logiciels de constructions en 3D (Zoom, Archicad), la fabrication de plans et des logiciels de dessin comme Illustrator ou Photoshop. Le cours d'anglais, tourné vers l'architecture, dure 2 h. Le niveau est plutôt faible ici, alors être bon en anglais, c'est un atout. Notre cours le plus important, c'est l'atelier d'architecture. Le cours s'étale sur 8-9 h et a un coefficient de 14 ! Il n'est pas rare que nos professeurs évaluent nos travaux vers 21 h voire 22 h lors d'un rendu final. Durant ce cours très concret, on s'attache à concevoir et à réaliser en petits groupes ou individuellement des maquettes, des plans, des croquis, répondant à un sujet imposé, selon des normes bien précises (taille, échelle…). Bien entendu, toutes les initiatives sont les bienvenues. Cette année, nous devons réaliser une école.
Autre matière, le dessin codé, couplé à l'atelier d'archi. On y apprend à faire des perspectives déduites d'un plan. Ca demande beaucoup de temps mais le résultat final est irréprochable. Ensuite, nous avons des cours d'histoire de l'architecture (de la mythologie jusqu'au gothique) et de sociologie de l'habitat. Le cours de statique et résistance des matériaux se penche sur les forces qui régissent une construction. Le cours théorique de construction possède son pendant pratique sous la forme d'un TP où l'on applique tout ce qu'on a vu en cours. Dernièrement, nous avons dû faire tenir une brique à 40 cm du sol avec seulement…du papier ! Enfin, nous avons des cours d'arts plastiques (dessins de nues, sujets variés ou travail sur informatique) et sur l'histoire des parcs et jardins.

Comment évalues-tu la difficulté générale ?

L'atelier archi (la matière au coefficient 14) est une matière primordiale mais très difficile. Elle requiert énormément de travail personnel et de recherches. Il faut bosser sur cette matière tout au long de l'année sans que cet investissement n'entraîne des répercutions sur les autres matières, comme le cours d'histoire plutôt conséquent. Mes week-ends, c'est plutôt boulot que dodo !

Pourquoi avoir choisi l'école d'architecture ?

Au début, je me destinais à l'archéologie. Toutefois, j'ai remarqué que, durant les nombreux voyages que j'ai pu faire, je ne m'intéressais pas uniquement aux pierres. Les bâtiments attiraient tout autant mon attention. Après tout, je pense que l'archéologie est une branche plus ou moins éloignée de l'architecture.

As-tu effectué des stages jusqu'à présent ?

En 1ere année, j'ai effectué un stage ouvrier obligatoire de deux semaines. J'ai travaillé au musée Plein Air de Villeneuve-d'Ascq. J'y ai appris d'anciennes techniques qui ne sont plus utilisées comme la pose du torchis. D'autres ont pu travailler sur la construction d'un toit de chaume, de bancs ou de tables. Cette année, je dois trouver un stage de quatre semaines dans un cabinet d'architecte. Il doit nous permettre d'avoir une vision globale de la profession afin de savoir définitivement si nous sommes faits pour ça ou non.

As-tu des choix de matières qui permettent de te spécialiser ?

Pas vraiment. Le diplôme de l'école d'architecture nous fait toucher à tout, je crois même qu'il s'agit du but recherché. En revanche, en troisième année, on peut choisir de changer d'orientation et d'opter pour le cursus paysage. Mais là, les débouchés diffèrent totalement.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu'un qui souhaite se lancer dans l'architecture ?

Savoir gérer son temps est essentiel. Avant de rendre un projet, on passe souvent des nuits blanches à fignoler son travail, c'est ce qu'on appelle « être charrette » dans notre jargon. La difficulté des études d'archi, c'est qu'on ne peut pas apprendre quelque chose par cœur pour le réciter ensuite. Il faut être créatif et toucher à de nombreux domaines (du manuel à l'informatique).

Quelles sont les qualités nécessaires pour bien exercer le métier d'architecte selon toi ?

Il faut être patient et savoir écouter les gens. L'architecte doit faire la synthèse des différentes demandes de ses clients sans pour autant négliger son apport personnel et ses idées. Il est bon de savoir mener une équipe et d'être diplomate.

Quelles sont tes perspectives d'avenir ?

Au début, je serai sans doute employé. Mon objectif final, sur le long terme, serait d'ouvrir mon propre cabinet.
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