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Interview : Architecte

03 octobre 2012

Thomas Jedrezejak Architecte Jeune architecte, Thomas a ouvert son propre cabinet il y a environ trois ans et se situe sur Lille depuis sept mois à peu près. Passionné par son métier, il...

Architecte
Jeune architecte, Thomas a ouvert son propre cabinet il y a environ trois ans et se situe sur Lille depuis sept mois à peu près. Passionné par son métier, il nous parle de son métier et de ses projets architecturaux très variés, du mas provençal au bâtiment industriel en passant pas la grande maison flamande.

Quelle formation avez-vous suivi pour devenir architecte ?

Je suis allé à l'école d'architecture de Lille qui se situe sur Villeneuve d'Ascq. La formation durait six ans, aujourd'hui elle se déroule en sept ans. A l'origine, environ 1 200 personnes se présentent et seulement une centaine est acceptée. Dans le concours, on trouve des mathématiques, du français, de la culture architecturale, de l'histoire de l'art et il y a un entretien. Le diplôme est un DPLG qui veut dire diplôme délivré par le gouvernement.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

Depuis mes 14 ans j'ai envie de devenir architecte. C'est vraiment une rencontre avec un métier passionnant, je ne l'explique pas vraiment, c'est une vocation. L'architecture ne m'a jamais laissé indifférent.

Parlez nous de vos stages et expériences professionnelles

Pendant les études, on peut commencer à travailler dans un cabinet d'architecture. En troisième année, j'ai donc travaillé au sein d'un cabinet où on s'aperçoit rapidement qu'on ne sait rien faire. On commence à toucher un peu aux projets, on dessine. A la fin des études, il y a un stage obligatoire de 4 mois à temps plein ou de 6 mois à temps partiel. On peut alors choisir l'orientation professionnelle que l'on souhaite. En ce qui me concerne, j'ai travaillé sur un projet avec un de mes professeurs de la conception jusqu'à la réalisation, c'est-à-dire la rencontre du client, l'élaboration du projet, la gestion des entreprises et du chantier, la réalisation et enfin la réception où l'on remet les clefs. Ensuite j'ai rejoint un bureau d'étude pendant un an et demi. Puis j'ai travaillé en cabinet d'architecte sur des concours, c'est-à-dire sur des appels d'offres lancées par des mairies et collectivités pour réaliser des bâtiments publics tels que des collèges ou des logements. Les équipes qui restent en final sont toutes rémunérées et celle qui gagne réalise le projet.

Quand on sort d'une école d'architecture, où peut-on travailler ?

Il y a trois voies : d'abord on peut rejoindre un cabinet d'architecture, on postule pour un poste et on devient donc salarié. Sinon on peut travailler plutôt dans tout ce qui est concours et projets de l'administration. Et enfin la dernière voie qui est rarement choisi c'est de se mettre à son compte.

Pourquoi avoir choisi d'ouvrir votre propre bureau d'architecture ?

J'ai déjà travaillé en équipe sur de gros projets et aujourd'hui j'ai envie d'avoir la main mise sur ce que je fais. Je veux pouvoir choisir mes projets. C'est aussi dans ma personnalité, je voulais travailler à mon compte.

Concrètement en quoi consiste votre travail ?

Je réalise des logements, des aménagements de piscine par exemple, des réhabilitations pour transformer par exemple une grange en habitation. C'est aussi parfois de l'architecture intérieure. Je travaille aussi pour les administrations : la réalisation d'un marché, de halles, d'un collège ou d'un lycée, etc. Je fais aussi des bâtiments d'entreprises, industriels, des stades,… Je suis resté assez généraliste. Je dois créer une maison ou un bâtiment qui correspond à la personnalité du client. Par exemple, une maison que je construis avec du bois car elle se situe en forêt, un loft avec différentes formes pour une personne plus originale, une grosse maison imposante pour un couple en Belgique. Comme je suis seul, je fais tout. Je fais du démarchage, je recherche des clients et des projets et je dessine beaucoup. J'utilise beaucoup l'informatique et les outils d'infographie. Sinon il y a tous les aspects administratifs, de gestion et de comptabilité.

Quelles compétences pensez-vous nécessaires ?

Il faut savoir dessiner, avoir un bon coup de crayon. Il faut savoir utiliser l'outil informatique et les logiciels d'infographie, de retouche d'images sinon on ne peut rien faire. Quand on se met à son compte, il est intéressant d'avoir de bonnes compétences commerciales.

En ce qui concerne les qualités personnelles ?

Il faut avoir un minimum de sens artistique et esthétique. Il ne suffit pas d'être bon en mathématique, il faut des qualités de dessinateur et de concepteur. Il faut être ouvert, voir ce que font les autres, lire des livres de design, de décoration, bref s'intéresser à tous les domaines de l'architecture.

Pour vous, quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

Comme je suis en libéral, je fais mes propres projets, ce que j'ai choisi et c'est très agréable. Sinon j'aime beaucoup penser quelque chose et voir sa réalisation effective, c'est très fort de voir se réaliser ses idées. Pour les inconvénients, c'est que le diplôme n'est pas très bien reconnu en général car nous sommes à la fois des scientifiques et des artistes. Nous n'avons pas de statut bien défini dans l'esprit des gens. Sinon ce que je trouve regrettable, c'est qu'en France on a peu recours aux architectes contrairement à d'autres pays. En Belgique, à partir de 20 m² vous avez le droit de faire appel à un architecte. En France, on peut faire appel à un architecte seulement pour une maison à partir de 120 m² donc ce sont toujours des maisons pour des personnes aisées, on ne fait pas d'architecture pour des logements plus modestes, ce qui est regrettable car cela leur donnerait plus de style.

Un dernier mot pour les personnes intéressées par le métier d'architecte.

Je conseille aux gens qui se demandent en quoi consiste le métier de rencontrer un architecte afin de savoir réellement ce que c'est. Le déclic peut se faire dans les deux sens, soit on a le coup de foudre pour le métier soit on se rend compte que cela ne convient pas à nos attentes.
M.B