Annuler

Interview : Zoologiste

16 novembre 2011
Aude Desmoulins Biologiste et directrice adjointe Zoo de Lille Quelle formation avez-vous suivi ? J'ai suivi une formation universitaire en biologie avec des spécialités en éthol...
Zoologiste

Société: Zoo de Lille

Quelle formation avez-vous suivi ?

J'ai suivi une formation universitaire en biologie avec des spécialités en éthologie (étude du comportement animalier). J'ai fait ma licence à Lille en biologie animale et gestion des populations puis je suis allée faire ma maîtrise à Paris car la spécialité en éthologie n'existe que là bas.

Parlez-nous de vos stages et de vos expériences professionnelles.

Ça a était très court, je suis arrivée directement au zoo de Lille après mes études en 1998. En fait, j'ai crée le poste qui existe actuellement pour moi. J'ai fait mon stage de maîtrise ici pendant deux mois sur une étude comportementale. J'ai également pris en charge la gestion des tapirs terrestres au niveau européen. A l'époque, le directeur était seul pour toutes les tâches scientifiques et il avait besoin de quelqu'un. On a discuté ensemble des délégations qui pouvaient être faites sur un autre poste. J'ai passé un concours que j'ai réussi puis j'ai occupé le poste.

Pourquoi avoir choisi ce métier ?

Les animaux sont ma passion depuis que je suis toute petite et comme tous les enfants je voulais être vétérinaire. Puis en grandissant on se rend compte qu'il existe d'autres métiers qui correspondent plus aux attentes que l'on a. Je me suis donc dirigée naturellement vers la biologie. Dans mon métier, il y a plus de travail au niveau de la conservation des espèces, de l'étude comportementale et de la reproduction, ce que l'on ne trouve pas dans le métier de vétérinaire plus tourné vers les animaux familiers.

En quoi consiste le métier de biologiste ?

Je suis la responsable de l'équipe des chefs animaliers qui dirigent les soigneurs. Il y a le suivi des registres réglementaires puisqu'en tant que parc zoologique nous avons des obligations légales avec les mouvements d'animaux, les entrées et les sorties, les changements d'enclos, les naissances, etc. Il y a une partie encadrement des stagiaires et recherche avec des études sur la nutrition, les comportements, les procédures de mises en contact,… On remet à jour constamment les régimes alimentaires grâce aux informations que l'on collecte et qui proviennent des autres parcs zoologiques. Chaque parc se spécialise plus au moins sur une espèce ou un groupe d'espèces et ainsi on peut avoir des informations plus précises. Chaque parc devient le référent pour une espèce. Quand il y a des décès, on procède à des autopsies pour comprendre ce qu'il s'est passé et on partage les informations. Je m'occupe donc des relations avec les autres parcs au niveau européen et mondial. Il y a des échanges d'informations mais aussi d'animaux. Selon le niveau de protection, les documents ne sont pas les mêmes à remplir, il y a tout un aspect légal à connaître. Je prends en charge la gestion génétique des espèces, je gère les plans d'élevage et de reproduction. Je remplis tous les questionnaires que cela engendre. Le zoo de Lille gère au niveau européen trois populations : les tamarins à mains rousses, les kinkajous et les tapirs terrestres. On enregistre tous les animaux qui naissent et on essaie de remonter le plus loin possible dans l'historique de la population pour avoir des données génétiques fiables et ensuite on évalue l'impact de chaque reproduction. On essaie d'établir des couples qui soient génétiquement les plus adaptés à une survie de la population en milieu naturel et avoir des animaux qui ont un code génétique le plus similaire à celui que l'on trouve dans la nature. On pourra ainsi éventuellement s'en servir pour faire de la réintroduction. J'encadre les stagiaires et les études qu'ils réalisent au sein du zoo de Lille sur la nutrition, l'aménagement des enclos, les études comportementales,… Je ne prends pas en charge les soins donnés aux animaux mais je prépare l'ordre du jour des deux visites vétérinaires hebdomadaires, je peux participer aux bagages des animaux, à la mise en place de procédures de capture ou à la capture en elle-même.

Dans quelles structures peut-on travailler avec un diplôme en biologie ?

Je pense que tout d'abord il faut se spécialiser lors de son cursus pour se définir plus facilement un profil de poste. On peut travailler dans des parcs naturels, des parcs zoologiques ou en laboratoires pour faire de la recherche. On peut se spécialiser grâce aux matières optionnelles lors du cursus. Il faut surtout être polyvalent, ne pas se contenter d'une formation de biologiste. Aujourd'hui, il faut avoir des compétences en management d'équipe, en informatique,…

Quelles sont les compétences professionnelles et personnelles à avoir ?

Il faut être très disponible, on ne travaille pas que 35h, les animaux sont là tout le temps. Il faut aussi savoir parler, lire et écrire en anglais et savoir utiliser l'outil informatique car on utilise plusieurs logiciels pour gérer les espèces, qui sont d'ailleurs en anglais. Je pense qu'il aussi savoir se former en continu et se remettre en question. Les animaux sont tous différents donc il faut toujours apprendre de nouvelles techniques. En ce qui concerne les connaissances scientifiques : biologie du comportement des animaux, génétique, statistiques.

Quels sont les avantages et les inconvénients de votre métier ?

J'aime beaucoup travailler pour le monde animal, participer à la conservation des espèces et des milieux naturels. Ce qui est aussi un avantage c'est que c'est à la fois un métier de bureau et un métier d'extérieur. Je ne me voyais pas enfermer toute la journée. C'est un métier qui varie d'un jour à l'autre. C'est un poste vaste, qui n'est pas routinier et ennuyeux. L'autre côté appréciable c'est de travailler en pleine nature, au côté des animaux. En ce qui concerne les inconvénients : c'est un métier de passion donc j'ai du mal à sortir mon travail de ma tête lorsque je rentre chez moi. J'ai tendance à travailler beaucoup, à rester tard et à ramener du travail chez moi. Il faut savoir gérer avec sa vie personnelle.

Etes-vous amené à vous déplacer lors de congrès ou de rassemblements de parcs zoologiques ?

Tous les mois de septembre, nous avons une réunion d'une semaine avec l'association européenne des zoos et des aquariums, cela se déroule dans un zoo différent à chaque fois : en Allemagne, en Angleterre, en Suède, etc. On fait le point sur l'évolution des espèces, sur les programmes de conservation, on échange plein d'informations, c'est très intéressant et constructif. On est également membre de l'association SNDPZ (Syndicat National des Directeurs de Parcs Zoologiques) dont le directeur du zoo est le trésorier et on organise un colloque tous les deux ans sur un thème différent. Le dernier que l'on a organisé en octobre 2004 était sur la communication et la pédagogie dans les parcs zoologiques. Et tous les deux ans en alternance, on organise un voyage d'étude dans un pays étranger. En 2003, nous sommes allés au Canada et en octobre 2005, nous allons en Espagne et au Portugal. On part entre 10 et 13 jours et on visite environ deux parcs zoologiques par jour.

Un dernier mot pour les personnes intéressées par le métier de biologiste en parc zoologique.

Moi je trouve cela génial, j'adore mon métier. Comme il n'y a pas énormément de places, je pense qu'il faut assurer sa place en faisant beaucoup de stages. Cela permet d'avoir des expériences et des compétences variées. On connaît alors le fonctionnement de différents parcs et on peut alors apporter des idées et de la nouveauté au parc où l'on travaille.
CD04/08/05